[ACCI-CAVIE] Nairobi exempte de droits de douane les principaux ingrédients utilisés par l’industrie de l’alimentation animale. Alors que cette mesure visait initialement à renforcer le niveau d’approvisionnement local et enrayer la hausse des prix, la difficulté de sa mise en œuvre entretient les angoisses du secteur, selon les sources du Centre africain de veille et d’intelligence économique.
Blocage et hausse des prix
Au Kenya, une décision du gouvernement laisse un goût amer chez la plupart des fabricants d’aliments pour animaux. En effet, s’ils sont autorisés en théorie à acheter jusqu’à la fin octobre 2022, environ 226 000 tonnes de maïs jaune en franchise de droits, les industriels cherchent encore des fournisseurs.
En cause, l’injonction du gouvernement de ne pas acheter des produits provenant de cultures transgéniques conformément aux réglementations relatives aux organismes génétiquement modifiés (OGM) appliquées notamment par l’Autorité nationale de biosécurité (NBA). Celles-ci prohibent notamment l’importation de cette catégorie de denrées dep& uis 2012.
D’après l’Association des fabricants d’aliments pour animaux (Akefema), cette exigence phytosanitaire est très difficile à satisfaire sur le marché mondial où les principaux exportateurs de la céréale comme le Brésil et l’Argentine ont déjà adopté la biotechnologie.
« Le processus d’importation n’a pas encore démarré et il est peu probable qu’il commence d’ici là parce qu’il est très difficile de trouver du maïs jaune non-OGM. Nous avons consulté plusieurs négociants agricoles et ils nous ont dit que c’était impossible », confie à Businessdailyafrica, Martin Kinoti, secrétaire général de l’organisation.
Cette situation de blocage s’inscrit dans un contexte où le prix du maïs flambe avec le déficit d’approvisionnement du marché local en raison de la sécheresse. Selon l’Akefema, le sac de 90 kg de la céréale s’échange désormais à 3 200 shillings contre 2 800 shillings il y a quelques mois, une hausse qui a poussé le tarif global des rations alimentaires animales à un niveau record dans la mesure où la graminée entre à hauteur de 60 à 80 % dans la composition des mélanges.
Plus le temps avance et plus se pose la question de savoir comment l’industrie s’adaptera à la hausse de ses coûts de production…
Question délicate
Pour essayer de régler le casse-tête, les industriels ont demandé au gouvernement de s’aligner sur les normes appliquées par l’Union européenne (UE) et qui exigent un degré de pureté génétique minimum de 99,1 %.
Un tel adoucissement aurait pour avantage de donner plus de marge de manœuvre pour trouver des fournisseurs potentiels le plus tôt possible afin de pallier l’augmentation des prix.
Cependant, d’après plusieurs analystes, la satisfaction de cette requête pourrait encore prendre du temps. Dans le pays qui ne développe pas encore de cultures ou de semences génétiquement modifiées à une échelle commerciale, les produits OGM restent toujours controversés à l’image d’autres nations du continent même si la recherche est autorisée.
Déjà le gouvernement a indiqué que la question de l’importation du maïs OGM ne sera tranchée que par un comité qui suit actuellement avec attention l’évolution de la situation alimentaire du pays.
La Rédaction (avec Espoir Olodo)